Archives de catégorie : Keltina
– Ceux de la parole est une association sans but lucratif. Elle est née de la rencontre entre le poète touareg Souéloum Diagho et des personnes sensibilisées à la cause des Touaregs. Le siège de l’association se situe en Belgique dans la Province de Namur.
Les 5 membres actifs travaillent bénévolement. Depuis la création de l’asbl en 2009, ils bénéficient du soutien de nombreux ami-e-s et sympathisant-e-s.
Notre travail
Nous nous réunissons tous les mois environ pour faire le point sur nos activités, organiser le travail ainsi que les tâches administratives. Nous planifions aussi l’agenda des activités qui permettent de faire connaître notre asbl et son action. Nous évoquons également ce qu’il y a lieu de faire pour aider la population dans sa réalité quotidienne et, dans certains cas, nous lançons les actions à mener d’urgence, notamment les manifestations pour récolter des fonds.
Comme nous sommes régulièrement en contact avec le Mali, notamment avec deux personnes ressources : le maire de Tessalit, Ousmane ag Adoulha et Aïcha Belko, la fille de Souéloum, nous sommes au courant de la situation sur le terrain et des besoins de la population.
Nous travaillons aussi en collaboration avec d’autres associations et soutenons leurs actions lorsqu’elles sont liées à nos objectifs, notamment leurs projets de développement économique, social et écologique.
Nos contacts privilégiés avec le Mali nous permettent de mesurer l’impact de notre intervention, d’évaluer l’avancement des projets, et d’être à l’écoute des besoins de la population mais aussi de l’évolution générale de la vie du peuple Touareg.
Le Tanezrouft
Elle est blanche et nue grande et dévorante
Dans son voile de poussière
On voit ses plaies les sillons de ses veines
Dans le regard de ses plaines
Elle a fait le tour des oueds si longtemps que la semelle de ses pieds est usée
On voit la peine dans ses yeux et la fatigue la ronger
Elle a si longtemps traîné que les râles font écho à sa mémoire parmi les cathédrales de pierres
Et des couronnes d’épines lacèrent ses ergs
Elle est depuis si longtemps dans l’attente qu’elle s’est usée l’âme
Mais je l’entends encore cogner et remuer ses os
Dans un murmure d’agonie
Fils, parlez plus fort
Il ne faut pas égorger l’espérance
C’est votre héritage
Souéloum Diagho (17/12/2011)
Par le goût de tes mots
Je dors ma nuit
Aurore et crépuscule se mélangent dans mes yeux
Je suis la mésange-pensée qui a cueilli ta pensée
Dans la coupe de mon cœur
Parfum des anges dans les limites de ta mémoire
Je suis la rose et le rosier épine dans ta poitrine
Je suis la source qui coule et la soif qui tenaille tes repos
Je suis le vent qui a couché le blé
Le blé qui t’a nourri
Par le goût que l’éternité a mis dans ta bouche
Prends appui
Souéloum Diagho (4/11/2011)
Les nomades
Les voilà débarrassés de l’illusion
Femmes et enfants aux mémoires courtes
Ah ! Ils respirent les plaines enfin
Se mettent à compter les saisons
Et ouvrent les portails des oueds
Pour remplir leurs outres avant de se perdre dans le néant
Ou sur les chemins différents
Chacun sa transhumance
A chacun son pâturage
Ils s’en vont
Souéloum Diagho
Le soleil se meurt
Une agonie à la place des festives fêtes
Le soleil se meurt
Une agonie à la place des festives fêtes
Une rumeur nomade à la gorge
C’est une étrange façon de répondre à la soif
Quand grisonne dans le lointain l’eau fraîche des rivières
Et que l’amour nourrit l’enfant au berceau
À peine commencé il disparaît
Le soleil l’a égorgé et l’a grillé dans ses feux ardents
Souéloum Diagho
… nous,
les Sahariens,
nous ne connaissons que la route,
la route qui a pour guide, tour à tour,
le soleil et puis les étoiles.
Et nous partons de notre cœur,
et nous tournons autour de lui
en cercles de plus en plus grands,
pour enlacer les autres cœurs
dans un cercle de vie, comme l’horizon
autour de ton troupeau et de toi-même.
Dassine
La route du Sahara
Je vous donne la route
Un bout de sentier dans le néant
que des pas au travers d’un rêve
Un espace à jamais ouvert, un portail où viennent s’échouer nos remontrances
A vendre nos misères mais pas notre dignité
Un silence a lavé le ciel, un vide a armé nos consciences
Une torche enflammée d’espoir rougeoie dans nos mémoires
Des calamités à refaire le monde, un parfum de sueur à faire couler la moelle épinière
A rehausser une fête en métal, un morceau de souvenir
Une tête au bout d’un bras, une route étranglée dans l’esprit
Un voyage effréné par le vent l’horizon l’a saupoudré
Rien à vendre sauf un grain de sable, un quart de lune ivre que les pléiades ont bu comme une constellation brassée .
Souéloum Diagho
9/05/2011
Je vous conte l’histoire de ma terre
Je vous fais le récit par mots croisés d’un désert en souffrance
Un récit fiévreux dans l’avant-hier figé
Que j’estime à sa juste valeur à son juste poids de poussière
Dans la bouche de chaque enfant malade
Que l’écume des tempêtes et la sueur des volcans ont bouleversé par la piqûre du temps
Oh ! Terre ! Ta victoire n’est pas encore de ce monde
Le désir peut ignorer l’espoir qui le prolonge mais le désespoir finit toujours par contaminer le sang
Pas de place pour le repos pas de place pour cueillir les plaintes
Rien que la survie pas de place pour mourir digne
Mais sur les genoux toujours le laboureur
Comme je vais crier fort la force de mes poumons comme je vais fouler un autre monde
L’abandon sera toujours mon cousin je vais briser toutes les montagnes a dents tranchantes
Au retour de l’hivernage je vais boire toutes les rivières pour apaiser ma soif
Et le feu qui brûle en moi et je vais battre le vent pour sauver une dune en danger
Pour sauver une chèvre et son cabri par la branche d’un palmier
Avant la destruction
Souéloum Diagho
21/06/2011
vénéré
Ténéré
Ténéré Takime Tazare
Ténéré Takime Tochale
Ténéré Tossame fal ay djane idarre
Adounya totabe choude almaz odane
Le Ténéré assis mais stressé
Ténéré assis et égaré
Le Ténéré a soif et court les plaines
Le Ténéré est jaloux du monde des aisances
Le Ténéré soulève l’horizon comme le crépuscule qui tombe
Souéloum Diagho (19/02/2013)