L’indignation

L’indignation

L’indignation comble les pistes. J’ai entendu dans ma conscience le puits qui pleure goutte à goutte le tarissement de mes croyances qui bombent les nuages. Missiles de ceux qui par tricherie prennent en otage les paroles divines et égorgent la foi par avidité.

L’indignation croise le fer à l’entrée d’une plaine déjà meurtrie. A la fête de joie la moustache fait la bravoure, un sabre levé sur une main à couper fait la marque posée.

Mon indignation est toujours grande quand la parole est donnée à la barbe plutôt qu’au coeur d’amour qui pense à la vieille à genoux.

Je pense au rire de jadis qui nouait le sud au nord dans l’adha qu’on voulait voir verdir.

J’ai entendu dans le bois à Inmezel la chamelle chanter la voix du mouton que l’enfant voulait traire pour boire son soleil.

Par l’indignation la jarre est pleine de venin et la mousse piquée par le scorpion.

Ewélen érode ma peau comme les grattoirs qui fendent la terre.

Je suis absent dans ma propre histoire que d’autres écrivent à la balle traçante, kamikazes des tentes et voleurs de mémoire.

O terre, indigne-toi !

O chèvre bois la mare, dans ton histoire il y a le souvenir et la colère étouffée, il y a le cabri et la crème que les enfants aiment tant.

J’ai entendu le talon qui prend la nuque hurler sa douleur et la fatigue de la main qui veut traire la vache au soir venu.

J’ai vu la dune à la renverse protester la victoire de la montagne solide.

J’ai vu l’acacia disputer sa place à l’herbe touffue déjà jaunie.

Par l’indignation j’ai entendu le nomade protester la route au soleil luisant par la direction de l’étoile polaire.

Toujours à la traîne, une paix qui concerne la cité et la brousse, au-delà de la frontière où il y a toujours gendarmes et policiers comme un os planté dans la poitrine de la mère du cousin de la chamelle.

L’ indignation s’indigne et crie la soif et la faim de l’outarde qui ne bat plus le tambour de l’atouboule, symbole de la toumaste: être frères, sans quoi il n’y a plus l’humanité, l’amitié et le partage du thé au soir venu quand la lune raconte l’histoire du campement.

O maman, indigne-toi, le partage est mal fait entre la gerboise et le fennec.

Souéloum Diagho